Entretien avec Olivier Marquet : « Il y a eu une prolifération d'allégations de durabilité. »
Entretien avec notre président, olivier Marquet

Lors d'un entretien avec Bruno Iserbyt pour le magazine VFB, Olivier Marquet explique de quelle façon Towards Sustainability peut aider les investisseurs.
Avec Towards Sustainability, notre pays est à l'origine de l'un des plus importants labels pour les produits financiers en Europe. Des comptes d'épargne aux produits de pension, en passant par les fonds d'investissement et les ETF, vous pouvez rechercher un produit labellisé qui vous convient sur le site web du label. Mais que signifie exactement le fait que votre investissement porte ce label ? Olivier Marquet, président indépendant du conseil d'administration de Towards Sustainability, qui a mené sa carrière entre autres au sein de la BBL, d'ING et de Triodos Belgium, nous donne un aperçu des origines du label. Il pose également un regard sur l'avenir.
« Le label a été lancé fin 2019, après environ un an et demi de recherches préparatoires », explique Olivier Marquet qui, ces 20 dernières années, a posé son empreinte dans le monde de la banque durable. « En fait, deux forces étaient à l'œuvre à ce moment-là. D'une part, il y avait une prolifération de fonds prétendant à la durabilité, sans que ces affirmations soient réellement fondées. Cela a suscité de nombreuses critiques de la part de la société civile. Ces critiques étaient en partie justifiées : l'écoblanchiment est toujours un problème. Cela s'explique en partie par le fait que la "durabilité" n'a pas de définition unique. Il s'agit d'un sujet aux multiples facettes, qui évolue en permanence. Cela crée de la confusion parmi les investisseurs, car il n'est souvent pas clair comment et pourquoi un produit financier est considéré comme durable. »
« D'autre part, depuis environ cinq ans, le gouvernement appelle régulièrement le secteur financier à devenir plus durable », précise Olivier Marquet. « J'ai participé à une audition du Sénat sur l'ISR il y a une dizaine d'années. Déjà à l'époque, j'étais convaincu qu'une initiative privée serait beaucoup plus souple qu'un label imposé par le gouvernement. Une équipe d'experts relativement restreinte peut procéder à des ajustements beaucoup plus rapidement. C'est nécessaire pour un sujet qui évolue si vite. C'est la raison pour laquelle l'initiative "Towards Sustainability" a été mise en place. Nous voulions fixer des exigences minimales pour les produits financiers durables et offrir ainsi aux investisseurs un outil lorsqu'ils recherchent des produits durables. »
« C'est Tom van den Berghe qui a pris la direction des opérations sous la houlette de Febelfin. Il a réuni différents acteurs du monde financier - banques, gestionnaires d'actifs et assureurs, pour n'en citer que quelques-uns - ainsi que des organisations de la société civile. L'objectif de ces premières réunions était de définir des critères minimaux. Ces critères devaient bénéficier d'un large soutien d'une part, et aller suffisamment loin, d'autre part. Je pense que cet exercice d'équilibre a bien fonctionné. »
Evolution
« C'est certainement l'aspect unique du label Towards Sustainability », souligne Olivier Marquet. « Nous n'avons pas choisi de définir un ensemble de règles gravées dans la pierre. La durabilité est un concept évolutif. L'approche est donc légèrement différente. Au lieu de définir une liste détaillée d'investissements exclus, nous définissons un cadre de critères minimaux, qui est revu tous les deux ans. La politique d'investissement d'un fonds candidat au label est ensuite évaluée par un vérificateur indépendant en fonction de ces critères. Cela crée parfois une certaine zone grise. Cette zone grise garantit que la nature évolutive de la durabilité est partiellement intégrée dans notre méthodologie. La commission d'éligibilité doit donner son avis sur certains aspects et cela crée en quelque sorte une jurisprudence. Le vérificateur est un consortium indépendant composé de Forum Ethibel, de l'ICHEC Brussels Management School et de l'Université d'Anvers. »
« Cette indépendance est très importante et fait partie intégrante du label », souligne Olivier Marquet. « Towards Sustainability est une organisation à but non lucratif distincte et indépendante, qui s'autofinance. En outre, le conseil d'administration et la commission d'éligibilité, présidée par le professeur Luc Van Liedekerke, sont composés à parts égales de représentants du monde financier et du monde non financier (université, société civile). Cette indépendance est d'ailleurs reconnue : le cabinet français Novethic, référence en matière d'ISR, a fait l'éloge de notre démarche. »
Seuil minimal
« Nous attendons des fonds qu'ils adoptent au moins trois stratégies de durabilité. Cela constitue un seuil minimal sain. Le label n'a jamais eu pour objectif de sélectionner une niche de fonds vert foncé. En fait, le nom dit tout : nous essayons d'orienter le plus grand nombre possible d'acteurs financiers vers la durabilité. Le renforcement progressif des critères le confirme. »
« Outre l'évaluation indépendante des règles d'investissement, l'audit est également un aspect important. Celui-ci fait défaut dans la réglementation européenne actuelle, par exemple. Le label ne se limite pas aux politiques d'investissement écrites, mais examine également les portefeuilles de manière aléatoire. C'est pourquoi je suis convaincu qu’il restera pertinent même si la réglementation européenne devient encore plus stricte.
« Le défi consiste à devenir un label standard pour les particuliers également, à l'instar d'un label biologique ou de commerce équitable. Aujourd'hui, le label Towards Sustainability est déjà considéré comme une norme par les gestionnaires de fonds de fonds. Les règles claires et le contrôle indépendant devraient inciter les banquiers à promouvoir activement le label. Il est à espérer que cela en fera également une norme de qualité que les clients particuliers demanderont spontanément », conclut Olivier Marquet.
Une initiative privée est beaucoup plus souple qu'un label imposé par le gouvernement."