Principles for Responsible Investment: Entretien avec Selim Boudhabhay

05-03-2025

Selim Boudhabhay supervise les activités des PRI dans la région du Benelux.

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Les Principes pour l'investissement responsable (PRI) ont été établis en 2006 sous la direction de Kofi Annan, qui a réuni 50 gestionnaires d'actifs pour élaborer l'initiative. Depuis, ces principes ont évolué pour devenir un mouvement mondial, approuvé par plus de 5 300 organisations financières. Les PRI visent à promouvoir des pratiques d'investissement durables et responsables.

Nous nous sommes entretenus avec Selim Boudhabhay, qui supervise les activités des PRI dans la région du Benelux. Il nous a éclairés sur le rôle de l'organisation, les défis auxquels elle est confrontée et l'évolution de l'investissement responsable. Il était l’un des intervenants lors de notre dernier événement sur les droits sociaux et du travail en décembre dernier.

Le rôle des PRI et l'engagement des membres

Boudhabhay souligne que l'adhésion aux PRI est volontaire mais qu'elle représente un engagement en faveur de l'investissement responsable. « L'adhésion est liée à la taille de l'organisation, et chaque membre est tenu de nous rendre des comptes, ce qui demande du temps et des ressources », explique-t-il. « Toutefois, la manière dont les membres s'engagent varie considérablement : certains y voient un outil de marketing, tandis que d'autres s'appuient sur notre méthodologie pour renforcer leurs politiques de développement durable. Il y a aussi des organisations qui collaborent activement avec nous pour susciter un réel changement. »

À partir de 2026, les membres devront rendre des comptes en utilisant une méthodologie actualisée. « Celle-ci s'alignera plus étroitement sur les réglementations de la SFDR et de la CSRD, ainsi que sur d'autres initiatives, réduisant ainsi la charge administrative pour les participants. »

Tendances et défis géographiques

Les PRI se développent à l'échelle mondiale, mais non sans obstacles. Selon M. Boudhabhay, il existe un consensus général sur les questions climatiques, mais les aspects sociaux et de gouvernance de l'ESG restent plus complexes. « En Chine, par exemple, le manque de données fiables constitue un défi majeur. Cela rend la prise de décision financière plus difficile, mais le pays est loin d'être un « trou noir ». Nous avons du personnel sur le terrain en Chine et plusieurs signataires de la région ».

La croissance de PRI est particulièrement notable en Afrique et au Moyen-Orient. « Nous avons récemment embauché quelqu'un en Afrique et nous constatons également un élan au Moyen-Orient. Il est intéressant de noter que la finance conforme à la charia intègre déjà certains principes ESG. J'ai récemment discuté avec un investisseur du Qatar qui craignait que nous ne le critiquions, mais notre objectif est de soutenir ces pays-là dans leur transition vers la décarbonisation. »

D'autres régions font également des progrès en matière d'investissement durable. Le Japon est en train d'élaborer un cadre pour les obligations vertes et une taxonomie, tandis que le Canada et Singapour travaillent sur leurs propres systèmes de classification.

Collaboration et défis en matière de données

PRI collabore étroitement avec des organisations de la société civile et des ONG telles que la World Benchmark Alliance, l'OCDE et la Heartland Initiative. Les données jouent également un rôle crucial dans l'investissement durable. « Plutôt que de leur faire concurrence, nous sommes complémentaires aux fournisseurs de données », explique M. Boudhabhay. « En tant qu'organisation à but non lucratif, PRI offre des ressources telles que sa base de données sur le vote par procuration. En même temps, il existe des sources de données alternatives. Par exemple, les données sur les émissions de CO₂ du satellite Copernicus sont accessibles au public. Le défi, cependant, est que les méthodologies utilisées par les principaux fournisseurs de données restent souvent une 'boîte noire'. »

L’actionnariat actif comme catalyseur du changement

L'un des principaux piliers de PRI est l’actionnariat actif. L'une de nos principales initiatives est l'« Actionnariat actif 2.0 », note M. Boudhabhay. « Grâce à notre réseau mondial, nous encourageons une approche ascendante, où plusieurs actionnaires exercent collectivement une pression. Nombre de ces interventions aboutissent à des améliorations tangibles. Prenons l'exemple d'une société minière : si nos efforts se traduisent par des temps de pause plus longs, entraînant une diminution des accidents mortels, il s'agit d'un impact réel et mesurable ».

L'investissement durable au-delà des marchés publics

L'investissement responsable ne se limite pas aux entreprises cotées en bourse. D'autres catégories d'actifs, comme l'immobilier et les infrastructures, peuvent avoir un impact profond. « La construction d'un pont, d'un hôpital ou d'un parking peut avoir des effets sociaux à la fois positifs et négatifs.

En ce qui concerne les instruments de dette et les obligations, plusieurs pays élaborent de nouveaux cadres. Le Japon travaille actuellement à l'élaboration d'un cadre pour les obligations vertes, et la Bourse de Luxembourg est un chef de file dans ce domaine. « Les obligations souveraines représentent un plus grand défi », reconnaît M. Boudhabhay. « Toutefois, nous avons récemment mené un projet pilote dans lequel 20 investisseurs ont entamé des discussions avec le gouvernement australien.

L'avenir des PRI et de l'investissement durable

Les PRI continuent d'évoluer dans leur mission de renforcement de l'investissement durable dans le monde entier. Bien que les changements de réglementation, les défis liés aux données et les disparités régionales constituent des obstacles, M. Boudhabhay estime que des progrès significatifs ont été réalisés. « Nous devons collaborer avec les entreprises, les gouvernements et les investisseurs pour produire un impact. L’actionnariat actif et la transparence des données sont essentielles pour y parvenir. »

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Nous devons collaborer avec les entreprises, les gouvernements et les investisseurs pour produire un impact. L’actionnariat actif et la transparence des données sont essentielles pour y parvenir. »

Selim Boudhabhay